Saturday, July 5, 2008

galerie des horreurs

Marlou n’a qu’à attendre dans sa cabine d’essayage (de toute façon je crois qu’elle n’est pas vraiment pressée d’ouvrir le rideau), pour le moment j’ai envie de parler de mon activité de l’après-midi, à savoir : ranger mon armoire.

Vaste programme. Ranger mon armoire, ça veut dire refaire les piles de vêtements ; rendre à Lucie ce qui lui appartient ; trier mes petites culottes par couleur ; me débarrasser des vêtements qui ne me vont / plaisent plus. Parce que, contrairement à ce que certains pourraient penser, je n’achète pas tant de vêtements que ça, et surtout je les garde longtemps. D’abord parce que j’en ai quand même beaucoup, ensuite parce que je n’ai pas grandi depuis la 4ème, ce qui limite la rotation vestimentaire (mais si, quand on jette un pull pour faire la place à un autre quasi identique). Et surtout, surtout, parce que dans la famille, se débarrasser d’un vêtement qui a moins de 10 ans d’utilisation derrière lui, c’est pire qu’épouser un ex-SS. Ici le vêtement - du pull à la petite culotte - a un cycle de vie extrêmement bien rodé : il est d’abord acheté, la plupart du temps en soldes ; il est ensuite porté pendant une dizaine d’années, pour des occasions de plus en plus informelles, suivant la vitesse à laquelle il pluche/se déchire/est taché au-delà du réparable. Une fois usé trop irrémédiablement pour être porté en société (i.e. toute personne n’appartenant pas à l’arbre généalogique) il sera rétrogradé au rang de vêtement de bricolage ; on lui fera alors subir diverses poses de papier peint, peintures de volets, tontes de pelouse et autres pulvérisations de désherbant. A la fin de cette étape, si le vêtement est en coton, il sera découpé puis utilisé pour dépoussiérer ; s’il est en laine, il participera au cirage annuel du parquet. Ceci étant poussé à tel point que, quand j’étais petite et que je voyais une photo de M. d’avant ma naissance, je m’exclamais presque invariablement : « oh, mais c’est le truc qui sert à faire la poussière » ; ou encore que dans tous mes souvenirs d’avant mes 6 ans, elle porte le même sweat rouge à pois blancs (je l’identifiais tellement à ce sweat qu’un jour, en vacances, j’avais suivi sans réfléchir une inconnue qui portait le même, avant de m’apercevoir que ce n’était pas ma mère et que d’ailleurs elle ne portait absolument ce haut ce jour-là)…

Trier le contenu de mon armoire s’est donc rapidement en une fouille archéologique où chaque étagère me rappelait des souvenirs – et pas des bons en général. Jusqu’à maintenant, je n’avais pas encore eu le droit de me débarrasser de certains vêtements que je trouvais affreux (et portés si peu souvent qu’ils étaient blancs de poussière !!). Cette année, j’ai enfin pu vider seule et manu militari : un atroce pyjama pilou orange avec des fleurs roses et des appliques de dentelles, offert par G.M. à Noël il y a 3 ans et qui avait déjà l’air usé avant d’avoir été porté (le pire, c’est que j’ai du la remercier pour le cadeau…) ; un manteau rouge très Cyrillus 94, réplique exacte de celui que ma catéchèse de CE2 portait (pourquoi a-t-il été acheté, mystère) ; un pull marin acheté il y a 6 ans en bord de mer, marqué à jamais par un tragique incident incriminant une tasse de chocolat ; un béret kaki qui me donne l’air de m’être enrôlé dans les jeunesses communistes ; un pseudo-jean, choisi par M. en 4ème, acheté en taille 42 pour être sûr qu’il ne soit pas taille basse (je devrais peut-être le garder pour me rappeler ce que ne doit PAS être un pantalon ; à savoir trop grand, pour commencer) ; et surtout les robes de chambre taille 14 ans (et qui me vont toujours, soit dit en passant) affreuses, pelucheuses, qui font soit gamine soit ménopausé mais rien entre les deux, et que M. avait amoureusement brodées d’elfes ou de tortues (plus kitsch tu meurs). D’ailleurs quand je les ai posées sur la pile j’ai eu droit à un cri parental unanime : « quoi tu donnes tes jolies robes de chambre ? oh ben non, on va plutôt les garder ». La seule étagère que je n’ai pas pu toucher (je crois que M. était prête à me faire un barrage de son corps pour ça), c’est celle des pulls. Faut la comprendre : ils ont tous été tricotés main par G.M. Mais la grand-mère a vraiment pas le compas dans l’œil, et a tendance à tricoter des pulls à emmanchures chauve-souris que je pourrais toujours porter quand j’aurais 2 enfants, une maison en banlieue et une armoire remplie de taille 44 (comme qui, voyons ? mmm…).

Je passerai sur les conseils intelligents de M., du genre « avant de te plaindre que t’as plus de place, trie plutôt tes pulls par couleur » (parfois, elle réfléchit trop vite pour moi). Mais je plains quand même les gens chez qui échoueront ces vêtements : après tout, c’est pas parce qu’on est pauvre qu’on a envie de mal s’habiller.

2 comments:

Lucie said...

le manteau rouge j'avais le meme en bleu et il vient de la ou y avait la foire fouille avant.
la moi aussi j'en suis aux vetements de bricolage. passe une journee dans mes statues et quand j'ai lave mon jean a la main l'eau qui en est ressortie etait noire.
le pull marin venait de Saint George et moi j'ai encore le mien.
et les pour les pulls: je sais, t'as qu'a regarder le contenu du bas de mon armoire.
t'as oublie une phase du vieillissement: le moment ou il et plus assez bien pour etre porte a Londes/ Toulouse mais encore assez pour l'etre a Nevers.

Fly said...

Tout un poème ! ;-)