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L'exemple parfait de la femme fatale : les lunettes de soleil, les bijoux discrets, le sac à main minuscule. Et surtout, l'accessoire ultime : l'homme ordinaire qui vient de tomber désespérément amoureux. |
Leçon 1 : une silhouette épurée
Un seul mot d’ordre : mi-ni-mi-sez ! Inutile de vous encombrer de choses aussi triviales l’argent ou des mouchoirs. Vous trouverez facilement un inconnu désireux de palier à ces manques. Au pire, s'il vous faut vraiment des bagages, occupez-vous en le moins possible – là encore, partez du principe que quelqu’un se dévouera très vite pour les porter. Un minuscule sac à main suffira largement à contenir vos cigarettes et vos lunettes de soleil (pour un petit air Jacky-O-blessée-par-la-vie). Complétez la silhouette avec un trench beige et quelques bijoux discrets, l’idéal étant une simple chaîne en argent, des puces d’oreille en diamant et une bague discrète. Vous pouvez oser les bijoux fantaisies, mais seulement s’il y a une histoire familiale derrière.
Leçon 2 : des vêtements aériens
Là encore pensez léger. Un rien vous habille : un peu de soie, une bordure de dentelle, une étole en cachemire et hop, vous voilà parée pour la journée ! La femme fatale n’a pas froid, n’est pas mouillée par la pluie et n’attrape pas de coup de soleil. Inutile donc de s’encombrer de choses aussi ordinaires qu’un parapluie ou un gilet « au cas où ». En vous habillant, ayez en tête Juliette Récamier, qui paria que la totalité de ses vêtements pesait moins que 10 louis d’or, et gagna.
Leçon 3 : une nourriture frugale
Vous ne vous nourrissez pas parce que c’est vital, vous daignez manger. Si ça ne tenait qu’à vous, vous vivriez de fumée de cigarette et de champagne. Cependant, il vous arrive bien parfois de craquer pour un ramequin de riz complet ou une salade verte sauce citron – votre petit péché mignon ! Vos boissons sont plutôt communes – eau gazeuse, thé, champagne – mais même là, vous trouvez un moyen de rappeler à votre entourage que vous n’êtes pas une femme ordinaire : du lait mais pas de sucre dans votre thé, une rondelle de citron vert dans votre San Pellegrino… Attention, ne poussez pas trop loin : le but est d’être chic, pas chiante !
Leçon 4 : le mystère
Une femme fatale sans mystère c’est un peu comme une pizza végétarienne au poulet. La femme fatale garde toujours un lourd secret enfoui en elle : un amant qu’elle a trahi, un père recherché par Interpol... Et tout le monde le devine, non pas parce qu’elle le clame haut et fort mais plutôt parce que se promène avec ce petit air de femme qui a vécu, et qui a souffert. C’est précisément ce petit air qui donne immédiatement envie à tous les hommes présents de la consoler et de la débarrasser de ce fardeau trop lourd pour ces frêles épaules.
Leçon 5 : peu d’humour
Hélas, c’est la triste vérité : la femme fatale est réputée pour sa distinction, son élégance, sa beauté, mais rarement pour son sens de l’humour et son rire d’otarie. D’ailleurs, personne n’oserait penser à un animal quand elle rigole. Son rire est un tintement de clochette, une vraie récompense qui valide enfin tous vos efforts pour la dérider. Pas de panique cependant : comme elle est bien élevée, elle devrait tout de même aborder un petit sourire froid face à vos pathétiques tentatives d’humour.
Leçon 6 : un style de vie adéquat
C’est dur d’être une femme fatale au rayon boucherie du supermarché ou à la laverie (j’en sais quelque chose, pour avoir fait mes courses en talon de 10 cm). Voilà sans doute pourquoi elle n’y va jamais. De manière générale, elle évite tous les lieux où elle risquerait de se frotter à la réalité du quotidien. Son argent (gagné mystérieusement – une femme fatale ne travaille pas et n’a pas de mari) lui permet d’ailleurs de passer sa vie dans des hôtels de luxe, où elle peut confier toutes les taches ingrates au personnel et flotter dans son monde parfait, plein de plaid cachemire et de pivoines rouges.
Leçon 7 : une attitude de reine
Dès qu’une femme fatale entre dans une pièce, elle lui appartient. Elle est chez elle, elle connaît tous le monde. Elle salue chacun, trouve la réplique qui fait mouche à chaque conversation, et ne passe pas la soirée à s’empiffrer de petits fours. Sa silhouette reflète bien cette attitude : un dos droit, un port de tête noble et une démarche aristocratique. La peur de déranger, le dos vouté, c’est pour les autres, celles qui manquent d’assurance. Pourquoi hésiterait-elle ? Elle n’a aucun complexe, elle sait qu’elle est entourée de l’aura du secret et de la perfection qui l’accompagne partout, et qui attire tout le monde vers elle.
Leçon 8 : des cigarettes
Hélas oui, la femme fatale fume. Mais toujours avec perfection : elle ne sent pas le tabac froid, n’est pas essoufflé après 5 étages montés à pieds et n’a pas les doigts jaunis. Elle fume par élégance et par volonté d’indépendance plus que par addiction, et jamais de banales Camel. Elle préfère les longues cigarettes fines ou mieux, le fume-cigare. Et quand elle aura 80 ans, malgré les protestations de son entourage, elle sera cette charmante petite vieille excentrique, qui porte toujours des escarpins, boit du champagne dès 10h et fume en cachette !