Friday, February 20, 2009

Lost in Jane Austen, Emma Campbell Webster

Pour quiconque a un jour lu "Pride and prejudice", Mr Darcy est l'homme idéal, et il suffit de se pencher sur le nombre de fantasmes littéraires et cinématographiques qu'il a généré en deux siècles d'existence pour s'en convaincre. En bonne midinette qui se respecte, Emma Campbell Webster a donc écrit le livre permettant à n'importe quelle lectrice de Jane Austen de réaliser son rêve : se glisser dans les robes taille empire d'Elizabeth Bennet et peut-être même obtenir une demande en mariage qui déchire son castor.
Le but de "Jane Austen et moi" est donc d'incarner une jeune fille "dotée d'une beauté passable et de talents modérés", à "l'esprit vif et la répartie facile".

"Vous avez la mission de faire un mariage de raison et d'amour, d'éliminer les prétendants indésirables et d'éviter les scandales de famille qui auraient de grandes chances de ruiner tout espoir d'un parti financièrement avantageux".

Le livre est basé sur le même principe qu'un livre dont vous êtes le héros : avec des choix en fin de page et des compétences à acquérir au fil des pages. A savoir Intelligence, Confiance, Relations et Fortune. Et bien sûr, Talents et Défauts, la première colonne se remplissant lamentablement moins vite que la deuxième. A mon stade de lecture, mes Talents se résument à : habileté à orner un éventail ; très observatrice ; sait plus ou moins jouer du piano. Et j'accumule brillament 18 défauts, dont rancunière ; ni style, ni goût, ni beauté ; sens de l'humour déplacé ; invitée se conduisant très mal. Bref, à ne pas lire si on est en pleine remise en question de ses capacités et talents.
Pour les péripéties en elles-même, je suis complétement incapable de dire si le livre s'adresse exclusivement à des critiques averties de Mr Bingley et ses soeurs. Parce que ne nous voilons pas la face, je ne vois pas pourquoi quelqu'un lirait un tel ouvrage sans avoir lu l'original auparavant. En même temps, le livre est fait de telle manière que si on a une mémoire suffisament performante, on peut coller parfaitement à toutes les péripéties de P&P sans jamais s'éloigner une seule fois de l'intrigue d'origine. Auquel cas oui, on finit par épouser Fitzwilliam, mais en même temps c'est pas très drôle ("oh mais quelle surprise, après mon refus Mr Collins va épouser Charlotte Lucas. Oh ben ça alors"). Bref, j'en ai été réduite à faire volontairement et en toute conscience n'importe quoi uniquement pour aller voir du pays (et accessoirement croiser le héros de Mansfield Park, qui se balade par là pour une raison mystérieuse : "oh pardon, c'est pas la bonne intrigue").
En gros le livre n'est fait ni pour celles qui n'ont jamais lu P&P, ni pour celles qui l'ont déjà lu. Et vaut avant tout pour toutes les fins alternatives où l'auteure a craqué, et pas qu'un peu, du genre

"Mr Elton ne veut absolument pas vous laisser partir, et reste galament sur le chemin de votre voiture, bras écartés, et exige que le cocher s'arrête sur le champ. Il donne une telle frayeur aux chevaux qu'ils paniquent et se cabrent. [...] Mr Elton [...] est piétiné à mort. Tout le monde vous tient pour responsable. Vous êtes jugées et emprisonnées pour avoir sans le moindre remord tué un ecclésiastique."

et encore, je vous épargne celle où Lizzy se romp le cou en glissant, ou celle où elle épouse Mr Collins et le tue à coups de dictionnaire au bout de deux mois de mariage insupportable...

2 comments:

Lucie said...

c'est Peneloppe la couv? x

Ntonio said...

Quitte à se faire pourrir la gueule en se prenant des défauts à chaque page, autant lire Elric : il est tout aussi malchanceux, mais au moins c'est pas toi le héros. Et puis il a une épée.