Thursday, August 5, 2010

deux questions

J’ai à peu près 17 ans de scolarité derrière moi. En octobre il me restera 5 mois de cours. Cinq tous petits mois de cours que j’attends avec impatience, mais qui en même temps me terrifient. Ensuite il faudra que je trouve un stage. Et un stage bien, quelque chose qui me plaît. Il faudra que je tienne compte du salaire, de la probabilité d’être embauchée après, de la localisation. Que je décide si je veux rester à Toulouse, en partir temporairement ou (pour le moment) définitivement. Je n’aurai plus deux semaines de vacances tous les deux mois, mais j’aurai un salaire suffisant pour voyager. Je serai enfin libre du diktat maternel « c’est moi qui paye c’est moi qui décide ». Je n’aurai plus la facilité d’un système ou un échec entraîne juste une nouvelle note à un partiel. Dans cinq mois, je suis censée être prête à être ingénieure.

Et je ne me sens pas prête du tout – et je ne crois pas que la métamorphose aura lieu en un semestre. Pour le moment, je ne me sens pas prête à finir mes études. J’ai l’impression d’être toujours bien trop proche de la lycéenne de base, qui suit des cours sans s’inquiéter du reste – parce que le reste est loin. J’ai l’impression de toujours agir comme elle, m’habiller comme elle, être traitée comme elle. Je sais que j’ai changé en 4 ans, forcément grandi et mûri. Je suis moins innocente, plus détendue. J’ai appris pas mal de choses –et je me suis empressée d’en oublier les trois quarts. J’ai trouvé des réponses à certaines de mes questions, même si d’autres sont venues les remplacer immédiatement. Mais il y en a deux qui restent désespérément sans réponse. Est-ce que je serai un bon ingénieur ? Est-ce que je veux vraiment être ingénieur ?

La première question n’est jamais qu’une variation sur mon manque de confiance en moi, et donc dans l’absolu pas très nouvelle. Mais pour le moment, je ne me sens pas capable. J’ai l’impression qu’aucun des cours, des TP ou même ces ****** de séances de PPI ne m’ont appris à être ingénieur, ou à travailler. J’ai fait 2 stages dans des labos de physique, et les deux ressemblaient à de long TP. Lire des publis, manipuler les échantillons, analyser les résultats, bidouiller un peu si besoin, écrire un rapport. D’accord, tout ça je sais faire – mais je ne crois pas qu’être ingénieur physicien se résume à ça. Je crois – j’espère – qu’il y a une autre partie que je n’aurais pas encore découverte, peut-être parce que je n’ai travaillé que dans la recherche. Et c’est cette partie-là qui m’inquiète. Dans mon imagination elle est synonyme de prise d’initiatives, de relations humaines, et de tout un tas d’autres auxquelles je ne me sens vraiment pas prête à faire face. J’ai très peur qu’elle me tombe dessus sans prévenir. Parfois j’échangerais volontiers mon futur métier contre quelque chose de plus facile et rassurant. Etre secrétaire par exemple, ça je saurais faire sans problème : faire du café, trier des dossiers, répondre au téléphone… Le genre d’initiatives tout à fait à ma portée, parce qu’elles m’apparaissent sans conséquence.

Ce qui amène à la deuxième question : est-ce que j’ai envie d’être ingénieur ? J’aime ce que j’étudie, pas d’hésitation là-dessus. Mais je n’ai pas vraiment eu de révélation, je n’ai découvert de domaine de la physique qui me passionnerait excessivement. Toutes questions logistiques mises à part, j’ai bien un vague projet, mais sans idée précise de ce qu’il implique et sans plan B. En partie parce que je n’ai pas vraiment une idée claire de ce qu’un physicien peut faire, si il ne veut ni faire de la recherche ni de l’instrumentation. Si j’avais fait Vatel, mes options seraient sans doute beaucoup plus nettes, et plus tentantes. Mais pour ça, il aurait fallu que j’aie le courage de changer à la fin de ma première année. Si mon projet n’aboutit pas, je n’ai aucune solution de secours – à part bien sûr « rester chez moi à broder, lire et faire la cuisine », qui n’est pas vraiment une option honorable ou courageuse.

Il faudrait que je le trouve, ce fichu plan B. Que je me bouge un peu, et que je me convaincs une bonne fois pour toute que oui, je serai un bon ingénieur. Ça va, j’ai encore 5 mois pour ça.

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